L’Effet de Foehn

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Dans une atmosphère saturée d’humidité, (75% sur l’île mais le taux avoisine 80% au Morne Rouge), la moindre variation thermique provoque des phénomènes de condensation et de précipations importants. D’où l’impression de vivre parfois “dans les nuages”.

Les mouvements convectiques des nuages liés à l’orographie (ascendance orographique), à la présence de montagnes, expliquent en grande partie non seulement les importantes précipitations sur cette zone mais encore la relative sécheresse du versant sous le vent, le versant caraïbe. Le vent chaud produit par l’effet de Foehn descend le littoral et la dissipation des nuages accentue le rayonnement solaire sur cette partie nord de l’île. L’air se réchauffe en fait beaucoup plus vite qu’il ne se refroidit sur le versant atlantique.

En moyenne en Europe, le gradient thermique, c’est à dire la différence de température pour une progression en altitude de 100m, est de  – 0,55°C pour 100m d’altitude. Aux Antilles, il avoisine en moyenne les 0,68°C. En fait entre le versant sous le vent (atlantique) et le versant au vent (caraïbe), on note un gradient très différent: -0,70°C pour 100m sur le versant atlantique; -0,55°C pour 100m sur le versant caraïbe (1). C’est l’une des conséquences de l’effet de Foehn. Elle explique en grande partie l’écart de 2°degrés qu’il existe entre St Pierre et le Morne Rouge. Ecart qui bien souvent, est encore creusé certains jours par la différence de l’ensoleillement. Si la Martinique peut totaliser en effet 2500 heures par an d’ensoleillement sur le littoral, celui-ci passe à près de 1000 heures par an sur les sommets.

La circulation des vents

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Après la dépression tropicale, les cumulo-nimbus s’éloignent vers l’ouest.

La circulation des vents est un facteur non négligeable.

Un vent constant souffle sur les Antilles : l’alizé. Ce vent humide et frais y est dirigé par l’anticylone des Açores situé entre le 20e et le 50e parallèle nord.

Il souffle donc d’est en ouest avec une tendance à se déplacer sur les Antilles, du Nord vers le Sud. Il atteint sa force maximale en février-mars et en juin-juillet.

Les brises marines peuvent survenir surtout vers le littoral. Ce vent vient de la mer lorsque l’alizé est trop faible.

Inversement une brise de terre surgit avec la présence de relief. Couplée à l’alizé, elle contribue à donner une végétation très rabougrie sur les sommets comme l’observe très bien Lafcadio HEARN en 1890 (2).Mais dans les zones d’altitude, cette brise de terre reste modeste.

Un regard sur les grands ouragans tels celui de 1891 ou celui de 1979 montre une exposition certaine du Morne Rouge. Situé en hauteur, assez ouverts aux vents alizés il est confronté aux phénomènes dépressionnaires.

La Pelée quant à elle, joue un rôle de barrière qui amène souvent son contournement par l’alizé. Les vents sur le versant caraïbe peuvent ainsi être orientés est-sud-est avec une forte composante tourbillonnaire derrière les grands reliefs.

Trois stades sont retenus pour classer les types de dégradations climatiques dans les Antilles.

La dépression tropicale où le vent ne dépasse guère 60 km/h.

La tempête tropicale où les vents dépassent 60 km/h.

Le cyclone où le vent dépasse les 117km/h.

Les dégradations s’observent souvent par l’accumulation des cumulonimbus, de gros nuages étagés venus de l’Atlantique à près de 1500 m d’altitude.

Notes
(1) Ronald BRITHMER, Approche écologique de la gestion des ressources naturelles sur le littoral. L’exemple de la Martinique, thèse université de Bordeaux III, dir. Georges ROSSI, février 1994.
(2) Jacques PORTECOP, Phytogéographie, cartographie écologique et aménagement dans une île tropicale. Le cas de la Martinique, 1978, thèse , Université scientifique et médicale de Grenoble, dir. M.OZENDA.