Le Morne Rouge est souvent considéré comme le grenier de la Martinique. A juste titre. L’agriculture vivrière traditionnelle de type familiale y est très bien représentée, en particulier sur les flancs de la Montagne Pelée.
Mais cette agriculture vivrière suit une tendance à la régression. Pour deux raisons: c’est une agriculture qui touche surtout un marché rural, en ville, elle subit la concurrence des importations et surtout la population qui anime ce secteur d’activité vieillit sans que l’on n’ait réellement un relais au niveau des jeunes générations qui délaissent l’agriculture. Les terres agricoles elles-mêmes , souvent situées à la périphérie des villes subissent de plein fouet l’urbanisation. En une génération, de grands vergers ont disparus dans la frénésie immobilière qui a vu l’édification de logements sociaux et de lotissements. C’est ainsi que des productions traditionnelles de fruits locaux tels les pamplemousses, les mangues, les oranges ou les mandarines ont disparu.
Il reste cependant toujours la tradition du jardin créole qui est un élément essentiel de la culture et de l’histoire des anciennes populations serviles: c’est là en effet que les esclaves parvenaient autrefois à réunir un pécule, par la vente des produits du jardin sur le marché local. C’est dans le jardin que l’on trouve également encore aujourd’hui les principales plantes médicinales des ménages martiniquais tels « l’atoumo » de la famille des alpinias (alpinia speciosa), magnifique fleur utilisée contre la grippe.
Une culture très répandue au Morne Rouge, en particulier sur les flancs de la Montagne Pelée, est la christophine, nom créole de la chayote. C’est un savoureux légume très consommé en Amérique Centrale. La plante, grimpante, pousse sur des échasses. On peut ainsi trouver jusqu’à plus d’une centaine de fruits par plan ! Des fruits qui peuvent peser jusqu’à 1 kg…Particulièrement apprécié en gratin. Ce fruit possède une particularité originale: il peut germer tout en étant encore sur la plante mère !
La seconde culture vivrière particulièrement présente est le dachine, nom créole pour désigner le taro, une plante tropicale très répandue sous les Tropiques. Au niveau des racines, on coupe le rhizome très épais de la plante qui ressemble à un tubercule. Il est alors consommé comme un féculent et bouilli. Les feuilles sont utilisées dans le calalou, une soupe typiquement antillaise.
D’autres cultures vivrières sont développées telles : la tomate, très sensible aux parasites, l’igname -de tradition à Noël-, les salades ou encore les choux…Sans compter bananes plantains ou fruits à pain qui sont encore des menus insulaires…