La Montagne Pelée est le seul volcan actif de la Martinique. Comme les neuf autres volcans de l’arc insulaire des petites Antilles, son fonctionnement est lié à la subduction de la partie océanique de la plaque Nord-Américaine sous celle de la Caraïbe.
L’édifice actuel couvre une superficie d’environ 120 Km2. Sept communes sont installées sur ses flancs : Le Prêcheur, Saint-Pierre, le Morne-Rouge, Grand-Rivière, Ajoupa-Bouillon, Basse-Pointe et Macouba. Elles représentent une population de près 35 000 habitants. En raison du risque que présente ce type de volcan, un réseau d’appareils reliés à l’Observatoire volcanologique de la Montagne Pelée au Morne des Cadets dans la commune de Fonds Saint Denis, est chargé de sa surveillance. Les autorités ont également mis en place un plan d’évacuation des zones à risque.
Les géologues s’accordent à penser que le volcan est constitué de trois édifices emboîtes (ancien, intermédiaire et récent) qui s’appuient sur des formations plus anciennes mises en place par les édifices environnants. La Montagne Pelée (voir carte) est construite de produits émis par les éruptions successives. Les dernières manifestations marquent encore les esprits. La catastrophe du 8 mai 1902 qui a détruit la ville de Saint-Pierre, représente le début d’une phase éruptive qui reprendra en 1929.
La flore qui colonise la Montagne Pelée, présente quelques particularités liées à l’altitude et aux conditions climatiques.
L’édifice ancien
Il est difficile de dater les dépôts qui correspondent à l’édifice ancien. Les datations par la méthode du potassium-argon demeurent délicates en raison des risques de contaminations par l’argon atmosphérique. Cependant, la construction de cette paléo-Pelée a pu être évaluée à 300 000 à 400 000 ans.
L’édifice ancien repose sur des formations du Piton Conil, du Morne Jacob. Il est constitué de coulées pyroclastiques qui affleurent un peu partout sur les flancs du volcan à l’exception des rivières et ravines qui les entaillent parfois profondément et des falaises. Ce sont des brèches, c’est-à-dire des formations comprenant des éléments anguleux de dimensions au moins centimétriques pris dans un ciment. Elles proviennent de la fragmentation de laves massives. Légèrement soudées, elles englobent des blocs plus ou moins arrondis d’andésite claire à deux pyroxènes. Le ciment est de nature cendreuse. Ces coulées pyroclastiques atteignent par endroits plusieurs mètres d’épaisseur.
Dans sa partie centrale, de rares coulées massives d’andésite claire recouvrent les brèches précédemment décrites. Ces coulées forment les reliefs du Morne Plumé et du Morne Macouba.
Enfin, les coulées précédentes marquent l’emplacement d’une ancienne caldeira probablement d’effondrement résultant d’une importante éruption.
L’édifice intermédiaire
Au niveau de la caldeira de l’édifice ancien, après une longue période de repos, s’édifie un nouveau cône qui marque la naissance de l’édifice intermédiaire. Son activité s’achève à 20 000 ans BP (before present, soit avant 1950).
Les dépôts sont essentiellement constitués de nuées ardentes. Ils comportent de gros blocs d’andésite. Peu à peu, ces produits éruptifs comblent la caldeira de l’édifice ancien et se déversent vers Grand-Rivière et Macouba, au nord. Ces nuées affleurent abondamment dans la région. Celles que l’on rencontre au niveau d’Ajoupa-Bouillon, Prêcheur, sont constituées de blocs et de scories similaires aux formations mises en place lors des éruptions de la Soufrière de Saint-Vincent en 1902. Ces dépôts sont qualifiés de nuées ardentes de type Saint-Vincent (ce sont des nuées ardentes verticales). Les nuées ardentes de type Saint-Vincent marquent la fin de l’activité de l’édifice intermédiaire.
Entre le Morne-Rouge et La Propreté, les quartiers de Fond-Marie-Reine, Chamflore forment une dépression attribuée à un paléo-lac. Il est comblé de produits volcano-sédimentaires en position horizontale. Il s’agit d’argiles, de tourbes, de conglomérats, de dépôts volcaniques. Les bois flottés qui y ont été trouvés, indiquent que ce paléo-lac aurait fonctionné de -40 000ans à environ -20 000ans (datation carbone 14).
L’édifice récent
Après les phases volcaniques qui ont permis la mise en place de l’édifice intermédiaire, la Pelée connait une période de repos. L’activité cesse pendant près de 6000 ans. Un nouveau cycle éruptif débute. Les produits qui sont alors émis, édifient un nouveau cône, c’est la période actuelle du volcan, elle dure encore. Ce cycle se caractérise par une alternance d’éruptions Pliniennes (éruption ponceuse comme celle du Vésuve qui détruisit Pompéi et Herculanum en 79) et de nuées ardentes de type Saint-Vincent ou Péléen.
Les dépôts de l’édifice récent recouvrent largement les flancs du volcan.
Les nuées ardentes mettent en place des volumes généralement importants de matériaux constitués de blocs et de cendres. Elles contiennent souvent du bois carbonisé, ce qui permet une datation par la méthode du carbone 14. Les coulées sont constituées de ponces blanches accompagnées de bombes en croûte de pain et de scories. Plus d’une trentaine d’éruptions ou de périodes éruptives se sont succédées pendant cette phase.
Les dépôts récents
Les carrières sont l’occasion d’observer les dépôts et donc les types d’éruption. Ces dépôts contiennent des bois carbonisés, ce qui a permis de retracer plus de 10 000 ans d’histoire éruptive de la Pelée.
Photo de la montagne Pelée et de la ville de Saint-Pierre
Vue générale de la Montagne pelée et de la ville de Saint-Pierre.
Le 8 mai 1902, une nuée ardente détruisait totalement la ville de Saint-Pierre faisant environ 28 000 morts. Seuls deux hommes survécurent à la catastrophe.
L’activité volcanique cessa en 1904.
Une carrière non exploitée sur la route du Précheur, au nord de Saint-Pierre.
Les carrières sont l’occasion d’étudier les dépôts mis en place lors des différentes éruptions. Dépôts de ponces et de nuées.
Détail de l’affleurement , carrière en activité sur la route du Prêcheur, proche de la rivière Sèche.
Les carrières sont l’occasion d’étudier les dépôts mis en place lors des différentes éruptions. Dépôts de ponces et de nuées.
Détail de l’affleurement , carrière en activité sur la route du Prêcheur, proche de la rivière Sèche.
Les carrières sont l’occasion d’étudier les dépôts mis en place lors des différentes éruptions. Dépôts de ponces et de nuées.
Vue générale de la Montagne pelée, juste avant la ville du Morne-Rouge. Sur les 28 000 victimes de l’éruption du 1902, un millier revient à la Commune du Morne Rouge.
La dernière éruption de la Montagne Pelée s’est déroulée entre 1929 et 1932.
Paysage du premier abri de l’Aileron, au dessus du parking : Les Pitons du Carbet. Sur les 28 000 victimes de l’éruption du 1902, un millier revient à la Commune du Morne Rouge.
En arrière de la ville, le Morne Balisier ; le Morne Lacroix. dans la brume, les Pitons du Carbet. A gauche, se détache le Piton Gelé.
Bombe volcanique sur le sentier qui mène au sommet. La surface des bombes est vitreuse, mais le cœur est ponceux. La poussée des gaz emprisonnés ont craquelé cette surface refroidie créant ainsi des fissures.
La Caldeira vue versant Altlantique sud (côté Saint-Pierre). La Caldeira et le début des dômes à gauche. Le mur de la Caldeira est quasi vertical, ce qui suggère un d’effondrement . Il est estimé à une cinquantaine de mètres. La Caldeira vue versant Altlantique sud (côté Saint-Pierre). La Caldeira , une vue de la croix, le monument Dufresnois, alt : 1210 m, sur le bord Est du cratère.
Le sommet de la Montagne Pelée avec ses deux dômes. droite, le dôme de l’éruption 1902, et à gauche la dôme de l’éruption 1929. Ce dernier culmine a 1397 m.
L’édification du dôme de l’éruption 1902, commence dès le mois de mai et ne cessera que bien plus tard, en septembre 1903. Fin septembre, l’aiguille de lave visqueuse s’écroule. Pendant plus d’un an, on observe plusieurs épisodes de croissance-destruction de l’aiguille. Elle fera culminer le volcan à 1566 m. Pendant toute la croissance du dôme, l’émission de nuées ardentes, se poursuit.
Les photos sont libres de droit pour toute utilisation pédagogique, pour toute autre utilisation, vous devez contacter l’auteur.
Photos : Josiane Pain
Bibliographie : Denis WESTERCAMP et Hervé TRAINEAU ; Carte géologique au 1/20 000, Montagne Pelée, Martinique ; Ed du BRGM.
Sources :
D. Westercamp, P. Andreieff avec la collaboration de P. Bouysse, S. Cottez, R. Basttistini ; (1989) la carte géologique de la Martinique – notice explicative ; Ed du BRGM.
Contributeurs : MAHIEU J.