LE MUR DE BERLIN

 

      I.            EAST SIDE GALLERY

C’est la galerie d’art en plein air la plus longue du monde. 1300 mètres exactement. Avec des décorations exécutées par 118 artistes venus d’une vingtaine de pays. Elle est située en plein cœur de Berlin, là où, autrefois, le Mur scindait la ville en deux. D’ailleurs, cette galerie, c’est justement le plus grand vestige qui nous reste du Mur de Berlin. Après sa chute, le 9 novembre 1989, des peintres du monde entier, à l’instar de Birgit Kinder, rassemblent leurs réflexions sur ce qui deviendra l’East Side Gallery. Elle est, depuis 1991, considérée comme un monument historique. Les peintures réalisées avaient pour thème la division de Berlin et son unité retrouvée. La plupart de ces peintures ont un caractère politique, poétique, ironique ou idéaliste. On retrouve à plusieurs reprises la thématique de la communication pour rappeler que les Berlinois de l’est n’avaient pas la liberté d’exprimer ce qu’ils ressentaient. Ces revendications sont aussi un moyen pour montrer que même un mur de béton ne peut être une limite à la liberté d’expression.

Certaines parties du mur subissent le passage du temps… l’érosion fissure les murs… mais symboliquement il renvoie à la démolition du Mauer… comme si la nature avec le temps avait fait tomber par lui même cette barrière….De nombreux graffeurs, venus des quatre coins du monde, ont laissé la trace de leur passage…On retrouve ainsi l’Atlas…

      II.     LA RENOVATION

Certes un curriculum assez marqué par le temps, mais le mur de la EAST SIDE GALLERY a pris un coup de jeune. L’Association des artistes de la EAST SIDE GALLERY, dirigée par Kani Alavi, a proposé un projet de rénovation en octobre 2008. Pendant des années, il a tenté d’obtenir des subventions de la ville et des autorités régionales et fédérales. Sa demande s’élevait à 2,5 millions d’euros…

Parmi ceux qui avaient peint le Mur à l’origine, seuls cinq ont refusé de participer à la rénovation. Les productions d’artistes décédés ont été restaurées par d’autres artistes. Les artistes ont été logés et nourris mais ont selon certaines sources travaillé gratuitement…

Restaurer permet de ne pas oublier…Ces œuvres avait toutes une portée symbolique. Le “Test the best” de Birgit Kinder, relate l’histoire du “coin des suicidés”. Au carrefour de la Bernauer Strasse et de la Gartenstrasse, des automobilistes, avec leur mythique Trabant, se précipitaient à toute vitesse contre le Mur qui bloquait les rues à angle droit.

Le mur de la EAST SIDE GALLERY est graffé des deux côtés…Celui vers l’extérieur reste le plus connu, mais les curieux auront surement regardé derrière et auront découvert des productions plus encrées dans le graff…
L’association de la EAST SIDE GALERY envisage aussi de faire entrer la galerie dans la conscience publique pour qu’elle soit perçue comme un lieu de rencontre, afin de promouvoir l’échange et le dialogue dans la ville de Berlin. La galerie n’est pas un espace mort mais un lieu en perpétuelle activité.

     III.            Thierry Noir : 

Extrait de l’interview – Thierry Noir : « L’art du mur continue », Écrit par Stéphanie PICHON. (www.lepetitjournal.com/berlin.html) jeudi 26 février 2009

 

(…)Qui n’a jamais vu ces têtes aux contours naïfs, aux couleurs éclatantes? L’œuvre du peintre Thierry Noir est gravée dans le béton du mur de Berlin qu’il a assailli de couleurs au milieu des années 1980. Aujourd’hui “le peintre du mur”continue sur toile son œuvre éclatante et poétique.
(…)
Cette exposition s’appelle “Du mur à l’art”. Considérez-vous que le mur vous ait fait artiste?
J’ai peint sur le mur parce que j’habitais juste devant, c’est par hasard… et par nécessité aussi. Je ne me suis jamais dit que je venais à Berlin pour ça. Il se trouve que j’ai habité 20 ans dans cette maison, ce squat installé dans  l’hôpital de Bethanien qui avait été fermé parce qu’il était trop près du mur. Moi j’avais entendu les paroles de Lou Reed “Berlin by the wall… it was so nice, it was paradise”, je me disais que j’avais trouvé la maison dont il parlait. J’étais naïf.

Comment vos peintures étaient-elles accueillies?
Au début les voisins me traitaient de capitaliste. Ils pensaient que j’étais payé par la ville de Berlin pour décorer la ville. C’était nouveau, ça dérangeait. Puis il y a eu le film de Wenders, les Ailes du désir, en 1987. Cela a été un tel succès que ça a ouvert les yeux des gens. Des jeunes ont commencé à faire des tags. Ça a été accepté comme une mutation de l’art et de la culture à Berlin…


Quand le mur est tombé avez-vous eu peur de perdre votre œuvre?

Le mur est tombé. L’art du mur continue. Le style a survécu à la chute du mur. Tout de suite après, il y a eu la période de U2 avec les Trabant (pochette de l’album Achtung Baby). J’en fais deux, dix, quinze. A partir de là on m’a demandé sans arrêt des trucs. J’ai pris le parti pris de dire oui à tout, comme Andy Warhol. J’ai continué mes peintures dans les toilettes, les bus à Londres, dans les salles de bain.

Cela fait 20 ans que le mur est tombé. C’est important pour vous de commémorer ça?
Oui, pour rappeler que beaucoup de gens sont morts à cause du mur, qu’ils ont été blessés ou emprisonnés. Il ne faut pas tout oublier.

C’est pour ça que vous tenez à rénover l’East Side Gallery ?
C’est un symbole, le symbole du mur. C’est le seul morceau long qui reste, à part deux ou trois bouts éparpillés. Il permet de mieux se rendre compte de ce qu’était la ville à l’époque.

Vous auriez préféré qu’on laisse plus de bouts de mur dans la ville?
Non. Le mur, c’était une machine de mort. C’est difficile de se dire qu’on aurait dû en garder des kilomètres.

Avez-vous une nostalgie de cette époque?
Non, parce que ce n’était vraiment pas drôle, il ne se passait rien. Berlin était une île. On avait l’impression d’être abandonné parfois. Je me suis souvent demandé “mais qu’est-ce que je fais là…?”Ça n’était pas aussi drôle que dans la chanson de Lou Reed. Le mot d’ordre c’était plutôt “bonjour tristesse”.

Vos premiers souvenirs de Berlin Est?
C’était à la mi-novembre 1989. Je suis passé à Checkpoint Charlie. Ça a été un choc, tout était gris, même les arbres. Il n’y avait aucune pub, des façades délabrées. C’était comme passer sur une autre planète. Après, tout le monde voulait faire quelque chose à l’Est. C’était la ruée vers l’or. Ça a duré jusqu’à l’arrivée du gouvernement à Berlin. D’un seul coup il fallait avoir des permissions. Cela a marqué la fin de cette époque exceptionnelle.

      IV.      Le baiser de Vrubel sur le Mur de Berlin : lorsque que la peinture illustre l’Histoire.

“le baiser fraternel”

A l’occasion des 20 ans de la chute du Mur, il remet en scène l’embrassade entre les ex-leaders communistes est-allemand et soviétique, Erich Honecker et Leonid Brejnev.

“Cela me fait un peu peur, il y a 20 ans cela faisait partie de mon art alors qu’aujourd’hui le baiser appartient au patrimoine international”, a déclaré Dimitri Vrubel. “Il se peut que je ne me souvienne pas de tout, cela ne sera donc pas exactement la même peinture”, a-t-il ajouté
Comme aide-mémoire, l’artiste moscovite de 48 ans a installé devant ses 30 m² de Mur une réplique en modèle réduit de la peinture d’origine qui, elle, a été effacée au printemps. Autre aide imprévue: la photographie originale d’Honecker et Brejnev s’embrassant à pleine bouche, prise en 1979 par le photographe français Régis Bossu à l’occasion du 30e anniversaire de la RDA.

      V.            Quand l’Art devient commerce…

Malheureusement le Mur est devenu en vingt ans une source de profit pour certains. Dans un documentaire diffusé récemment sur Arte, un vendeur raconte comment il s’est fait fortune en vendant des fragments du Mur mis sous plexi.

Le Charlie Chekpoint, célèbre point de passage entre le secteur soviétique et le secteur américain est devenu un carrefour touristique hors pair. Maintenant on peut y croiser de faux soldats habillés avec les tenues officielles de l’époque…pour une pièce on peut se faire immortaliser au milieu de deux soldats russe et américain…pour deux pièces on peut avoir un tampon pour officialiser son passage du côté est…une sorte de parc d’attraction morbide qui attire pourtant de nombreuses personnes…qui en arrivent à oublier ce qui se passait sur ces lieux…
Après la chute du mur, des centaines de milliers de morceaux ont été dispersés à travers le monde et bien qu’il ne reste plus grand-chose du mur. Beaucoup, s’arrache des fragments notamment les chasseurs de souvenirs qui ont crée un véritable marché noir. Il y a un morceau du mur dans la ville de Fátima au Portugal, un autre se trouve à proximité de la chambre des députés de Berlin, un au musée canadien de la guerre, à Bruxelles face au parlement européen, à Strasbourg au cœur européenne des droits de l’Homme, à Riga en Lettonie devant l’ancien siège du parti communiste…

La plupart sont classé monument historique. 

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