Lettre de F. Lelièvre sur : la continuité pédagogique, les sujets des séries technologiques et les ressources en ligne.

Chères et chers collègues,

Les conditions particulièrement difficiles dans lesquelles il nous faut travailler me conduisent à m’adresser collectivement à vous, en vous souhaitant individuellement meilleure santé et la plus grande satisfaction possible dans vos métiers eu égard aux circonstances.

Je souhaite également un bon rétablissement à celles ou ceux d’entre vous qui pourraient être malades ou, pour raisons médicales, dans l’incapacité d’assurer les cours en présence des élèves.

Un sociologue allemand a parlé, il y a quelques années, de “la société du risque”.

Nous y sommes.

Je ne peux que renouveler mes encouragements et mon incitation à la solidarité, en vous transmettant une série conséquente d’informations et un appel à partage et contributions. Celui-ci est d’ores et déjà en cours.

Je vous informerai ultérieurement sur la mise en œuvre des formations prévues au PAF.

S’agissant de la continuité pédagogique :

Une circulaire a été publiée hier qui trace le cadre de l’organisation des cours dans les semaines à venir :

https://www.education.gouv.fr/bo/20/Hebdo43/MENE2030573C.htm.

Vous trouverez ci-dessous le passage qui me semble le plus important en précisant qu’il s’agit de faire en sorte que chaque élève bénéficie également de la totalité des apprentissages dispensés.

Cela implique une coordination de ce qui se fait en présence des élèves et en leur absence (physique ou virtuelle) : autrement dit, il vous faut arriver à faire en sorte que vous ne fassiez pas deux fois le même cours en présence et à distance (doublement du temps de travail) ni que lors d’une division de vos classes vos élèves ne disposent au final sur le même temps que d’une moitié du cours (perte de la moitié de l’enseignement reçu par l’élève). Cela suppose donc des formes d’enseignement qui intègrent dans votre mise en œuvre didactique des moments de travail en autonomie et y trouvent une place effective et formatrice. Plusieurs organisations sont envisageables.  Je souhaite que vous puissiez tirer parti de votre expérience de mars dernier et d’un travail de concertation au sein des équipes de professeurs de philosophie ou dans vos établissements.

L’ampleur et l’amplitude du confinement ou des phases d’enseignement hybride ne sera pas certainement sans conséquences sur les modalités d’obtention du baccalauréat et sur l’évaluation finale. Je ne saurais donc trop vous conseiller de disposer d’une quantité de devoirs suffisants pour pouvoir évaluer équitablement le travail et le niveau de compétences atteint par vos élèves. Une concertation entre collègues et au sein de vos conseils pédagogiques est recommandée. Elle sera indispensable pour la coordination des formes d’évaluation et de leur équité, malgré la diversité des enseignants et de leur manière de traiter les cours, afin d’éviter une hétérogénéité des pratiques contraire au principe d’égalité des chances pour nos élèves.

“Lorsqu’il est nécessaire de modifier l’organisation de l’établissement afin de répondre aux conditions du protocole sanitaire, il est demandé à chaque chef d’établissement d’établir un plan de continuité pédagogique, applicable jusqu’aux prochains congés scolaires, qu’il pourra activer après accord de l’autorité académique. Ce plan, établi en concertation avec tous les acteurs au sein des établissements, peut s’appuyer sur les travaux menés notamment au sein du conseil pédagogique. Il définit les modalités pédagogiques retenues, à partir des principes suivants :

tout élève scolarisé bénéficie des apprentissages obligatoires, sous forme de cours, en présence au sein de l’établissement, à distance ou de travail en autonomie, sur l’intégralité du temps scolaire ;

l’organisation retenue garantit à chaque élève de bénéficier d’un maximum de cours au sein de l’établissement. En tout état de cause, le nombre d’heures de cours suivies en présentiel ne peut être inférieur à 50% d’ici aux prochains congés scolaires ;

les élèves d’une même classe et d’un même niveau (d’une même série) bénéficient d’une organisation similaire au sein de l’établissement ;

une organisation particulière peut être proposée aux élèves les plus en difficulté ou nécessitant un accompagnement en présentiel permanent ;

en lycée professionnel, les enseignements professionnels et les enseignements généraux sont concernés par la nouvelle organisation. Une attention particulière est néanmoins portée à l’exercice des gestes professionnels de chacune des spécialités de diplôme ;

des objectifs sont fixés, en termes de fonctionnement et d’apprentissage, pour la durée du plan mis en place. Au terme de cette période, le chef d’établissement et l’équipe pédagogique évaluent la situation et la progression effective des élèves ;

le chef d’établissement veille à la régularité et à l’harmonisation des pratiques d’évaluations, notamment pour les disciplines évaluées aux examens dans le cadre du contrôle continu ;

le chef d’établissement veille à ce que les professeurs assurent effectivement la continuité pédagogique pour les élèves qui sont à distance, à due proportion de la quotité horaire de leur discipline, dans le cadre de classes virtuelles et de travail en autonomie. Il organise également la continuité de l’activité administrative et le suivi des élèves les plus fragiles par les équipes de vie scolaire.

L’objectif est d’assurer la poursuite régulière des apprentissages pour tous les élèves, dans toutes les disciplines.”

Sur le sujet 3 des séries technologiques.

Vous êtes nombreux, lors de mes visites en établissements, des réunions d’équipe ou directement par mail, à nous interroger sur les épreuves de philosophie en tronc commun, notamment celles de la voie technologique. Nous savons depuis la parution du B.O. spécial n°2 du 13 février 2020 portant définition de ces épreuves que le sujet 3 en particulier adopte une forme nouvelle. Nous attendons la publication des sujets zéros montrant par l’exemple ce que l’on entend par les éléments d’analyse (questions A), de synthèse (questions B), de commentaire (questions C). La publication de ces sujets zéros, prêts depuis le mois de juin, est retardée en raison d’un embouteillage dans le processus de validation. Les inspections de philosophie en accord avec le doyen du groupe philosophie de l’inspection générale ont décidé de les communiquer sans plus attendre. Vous les trouverez en pièce jointe du présent message. Comme vous pouvez le constater, il s’agit de versions de travail encore en attente de validation définitive. Mais les éventuelles modifications ne seront que de détail et les sujets en cours de conception suivent la forme et l’esprit dont ces deux sujets fournissent un exemple.

Le principe de cette épreuve sur texte est de demander aux candidats de la voie technologique un véritable travail d’explication de texte, comme pour la voie générale, tout en leur proposant le choix entre une composition libre (option n°2) ou une composition guidée (option n°1). Cette dernière consiste à répondre dans l’ordre à une série de questions suivant l’ordre de la découverte plutôt que l’ordre de l’exposition. Les deux changements notables par rapport à la précédente présentation de l’épreuve sur texte dit sujet 3 sont : 1) que l’idée principale n’est plus donnée en quelque sorte dans les questions, mais bel et bien à découvrir, et 2) que le dernier groupe de questions (moment C) ne peut plus être interprété comme un essai ou une petite dissertation à partir d’une question en lien avec le texte, mais constitue une véritable question de commentaire (où il s’agit de dégager du texte le problème dont il est ici question).

Ce point est essentiel.  : négativement : cette nouvelle question n’est plus une question de dissertation mais une question de commentaire qui reste en relation étroite avec le texte que l’on s’efforce de comprendre ;  positivement, cette partie « C » comporte deux moments : a/ un moment d’élucidation conceptuelle, portant sur un élément majeur du texte ; b/ un moment de commentaire plus général, dans lequel il est demandé au candidat d’examiner l’apport spécifique du texte, par une question du type « quel sens ce texte permet-il de donner à l’idée XXX ? ».

S’il faut entrer dans plus de détails, il faut remarque que 1) la thèse ou l’idée principale et la démarche ou l’argumentation ne sont plus d’abord demandées mais déduites dans le moment B (éléments de synthèse) à partir : a. des éléments d’analyse (A) qui auront porté l’attention du candidat sur des termes et expressions significatifs, mais également b. à partir de la première question du moment B qui demande au candidat “quelle est la question à laquelle le texte tente de répondre”. L’ordre analyse-synthèse reprend ainsi la démarche ordinairement suivie par les professeurs de philosophie dans leurs classes quand ils apprennent à leurs élèves que la thèse ou idée principale à trouver est à la fois ce que le texte cherche à montrer et la réponse à une question qu’il se pose. Les questions du moment A sont du type de celles que le professeur pose en classe à ses élèves pour leur indiquer les points saillants du texte, dans son objet comme dans sa démarche, le recours à telle métaphore, telle insistance ou telle récurrence, tel type d’exemple, tel paradoxe, la présence d’une définition, d’une objection, etc. L’effort d’analyse n’hésite pas, au besoin, à convoquer les repères du programme.

2) Le travail est par conséquent du moment A au moment C constamment conduit en étroite relation avec le texte qu’il s’agit d’expliquer. La partie C comporte systématiquement deux moments : a. un moment d’élucidation conceptuelle portant sur un élément majeur du texte, b. une question-type demandant “le sens que ce texte permet de donner à l’idée xx” (dans le sujet zéro 1, xx =”l’idée de liberté individuelle”, dans le sujet zéro 2, xx = “l’idée de République”, traduite par “Etat en général” dans une note de bas de page). Cette dernière question très générale porte sur une idée bien identifiée, en lien avec les notions du programme, et conduit le candidat questionné sur le “sens” que lui donne le texte, à expliciter la portée, les implications, les présupposés, le “coût” de la position du texte, c’est-à-dire ses enjeux théoriques et/ou pratiques. On n’attend pas davantage du candidat de la voie technologique que de la voie générale une position de surplomb par laquelle il aurait à donner son avis sur la position du texte ou polémiquement confronterait ou comparerait la thèse à celle d’autres auteurs. Bien saisir ce qu’implique un texte dans sa position comme dans sa démarche singulière suffit à le commenter tout en l’expliquant.

L’intention et l’ambition de cette nouvelle présentation de l’épreuve est de mieux épouser le mouvement par lequel on s’efforce d’expliquer un texte, également de donner aux candidats occasion de pleinement utiliser les 4 heures dont ils disposent le jour de l’examen.

La lecture des sujets zéro ci-joints permettra d’éclaircir ces points :

 

Sur la mobilisation pour la promotion des valeurs de la république et la défense de la liberté d’expression suite au meurtre de Samuel Paty.

 

Comme je vous l’ai indiqué dans un message précédent, des ressources pédagogiques ont été mises à disposition sur le site académique de Caen (elles seront répliquées sur les autres sites qui sont en voie de réorganisation : Rouen et la Martinique et dont j’ai la responsabilité, j’en remercie leurs webmestres).

https://philosophie.discip.ac-caen.fr/spip.php?rubrique73

https://philosophie.discip.ac-caen.fr/spip.php?rubrique76

Une partie de ces ressources consiste en courts textes agrémentées de deux ou trois paragraphe de commentaires. Je remercie les professeurs et collègues qui les ont généreusement proposées.

Je souhaite que ceux d’entre vous qui le souhaitent veuillent bien poursuivre cette mise en partage sous ce format en direction des autres collègues, des autres disciplines et des visiteurs de nos sites : cadres de l’éducation nationale, parents d’élèves, lecteurs divers en métropole et au delà.

 

En ayant parfaitement conscience des difficultés que vous traversez et de l’ampleur de ce qui vous est demandé, je vous remercie encore de votre engagement, de votre courage professionnel et de votre sérieux.

 

Très cordialement à toutes et tous,
— Franck Lelièvre IA-IPR de Philosophie Académie de Normandie, extension pour l’académie de la Martinique. 06 86 81 13 06