Les 60ème Journées Pédagogiques des professeurs et éducateurs d’aveugles et d’amblyopes

     Les questions de l’accessibilité et de la dynamique inclusive à promouvoir, étaient au coeur des échanges, lors de ces journées pédagogiques, organisées par le GPEAA (Groupement des Professeurs et Educateurs d’Aveugles et d’Amblyopes). Sportifs, professionnels d’Établissements et Services Médico-Sociaux (ESMS), de l’Éducation Nationale, de l’édition adaptée, de l’art de la culture ont nourri ces journées par leurs expertises et leurs témoignages.

      En écho à la Convention de l’ONU, (article 30, relatif à la participation à la vie culturelle et récréative, aux loisirs et aux sports), la question de l’accessibilité  au sport et à la culture a habité les échanges.

A l’orée des jeux olympiques et paralympiques, trois sportifs déficients visuels ont partagé leur expérience, leur passion, en relatant leur parcours  de vie jusqu’à la rencontre et l’épanouissement par le sport. Des témoignages forts, empreints de résilience et de combativité. Comment taire?

Tiffany LOGETTE, athlète de haut niveau au 100m, témoigne; « Courir à deux, faut voir ça comme une équipe de super héros. C’est un échange, on peut compter sur l’autre. On forme 1 alors qu’on est 2, c’est une aubaine. Performer à 2 c’est idéal. Il y a deux fois plus d’émotions, on gagne à 2, on perd à 2. « 

Pierre BERTRAND, médaillé de bronze au championnat d’Europe 2022, triple champion de France et 4è mondial de Shodown, a pointé les bénéfices de cette activité sportive: « Au niveau motricité, ce sport aide à prendre conscience de son corps. Il permet une belle inclusion. C’est une façon ludique de prendre conscience du handicap et du fait que l’usage de l’oreille est plus instinctif qu’on ne le pense. »

Pierre BERTRAND_I                                   I_ Tiffany LOGETTE

Salim EJNAINI, cavalier handisport de saut d’obstacles et conférencier sportif sur le handicap, performe dans des compétitions officielles valides. Son témoignage nourrit la combativité et démontre combien la détermination malgré les échecs est vecteur de réussites. Il atteste: « échouer c’est se donner une chance de réussir. » Ce « Spiderbatman » -il me pardonnera l’expression », résume l’apport de la pratique sportive dans son épanouissement personnel: « C’est extraordinaire de trouver sa place et d’être reconnu par ses pairs! ».

Pour en savoir plus sur les compétitions équestres de Salim EJNAINI.

Un leitmotiv se dégage de ces témoignages : « Oser!  Oser une pratique sportive et se donner les moyens de répondre à ses besoins. » Parmi les moyens d’adaptations et de compensations, on compte la présence d’un guide-athlète, ou de guides-crieurs, mais aussi le développement de stratégies personnelles de visualisation de l’espace ou du parcours.

Christophe CARAYON, directeur technique national adjoint de la Fédération Française Handisport, a rappelé les 4 pratiques sportives spécifiques aux personnes déficientes visuelles:

  • le cécifoot
  • le goalball
  • le torball
  • et le showdown

Ces témoignages de sportifs ont illustrés ceux d’enseignants -en APA (Activités Physiques Adaptées), coordonnateur d’ULIS Collège, enseignants de sport- et de professionnels rééducateurs. Leurs interventions se résument en une préconisation:  favoriser la pratique sportive en évitant une dispense systématique, et développant l’autonomie de l’élève et en respectant sa capacité d’autodétermination nourrie par sa motivation.

Aurélie BERNARD, psychomotricienne et instructrice en orientation mobilité, a mis en avant les prérequis psychomoteurs, pour la pratique d’un sport pour les enfants déficients visuels, en insistant sur la motivation et la nécessité de ne pas limiter la pratique sportive:

« Dès que l’envie y est, le sport est un moyen de travailler tous les prérequis psychomoteurs, au-delà de la maladresse, il ya le plaisir dans le mouvement et l’expérimentation de sensations. »

Guillaume AREIAS, enseignant APA, témoigne de son expérience en institut spécialisé: « La création de cartes thermoformées pour adapter les parcours sportifs pour l’athlétisme, permet de planifier son itinéraire. L’utilisation de tablettes tactiles avec le talkback (fonctionnalité d’accessibilité audio), par exemple, facilite l’orientation sur les parcours.

Gaëlle BERNARD-MANN, éducatrice spécialisée à l’IJA de Toulouse, relève la nécessité d’inclure le jeune dans le projet sportif.

Laurie COUHAULT, enseignante ULIS TFV au collège et Loïc NABOT, professeur d’EPS, ont présenté leur dynamique collaborative pour favoriser une pratique sportive la plus inclusive possible. Lever tous les obstacles à la pratique en adaptant les supports, les engins, les compétences, semble être un défi stimulant à relever au quotidien. Leur maître mot: « OSER! »

Ils présentent une approche  inclusive innovante et inspirante: le sport partagé, dans le cadre de l’UNSS. Des équipes constituées de 2 valides et de 2 déficients visuels, encadrées d’un coach et d’un arbitre, s’affrontent dans le cadre d’une multi-activité sportive. Tous les rôles étant occupés par les élèves.

Il y a-t-il une limite à l’adaptation d’une pratique sportive?

Les enseignants et éducateurs présents, sont unanimes: développer la pratique sportive d’un sport est indispensable, pour développer des compétences motrices utiles à d’autres pratiques sportives, jouer, développer le bien-être, pour développer des compétences interactionnelles et se construire une représentation de l’activité.

Qu’en est-il de la question de l’évaluation ?

Cécile DUBUISSON et Florian SCUHMACHER, enseignants APA pour déficients visuels, à Nancy ont apporté leur expertise. La question de l’adaptation des barèmes de notation interroge les pratiques d’évaluation: est-ce pertinent d’évaluer par une notation à tout prix ? Comment ne pas sur-évaluer ou sous-évaluer? 

De plus, la difficulté de l’adaptation des barèmes s’accentue dès qu’il s’agit d’élèves avec troubles associés.

Il n’existe pas de méthodologie spécifique d’adaptation des barèmes. Selon les disciplines, il importe d’anticiper les adaptations des séances, parfois par essai-erreurs, au plus près des besoins des élèves, en appui avec l’enseignant APA. Une des missions de l’enseignant APA est de « sécuriser par rapport au sport qui peut être potentiellement dangereux. Nous devons rendre autonome le professeur de sport et l’élève », en les accompagnant dans la définition d’adaptations.

Les barèmes étant de nature individualisés, privilégier l’évaluation par compétences. Pour les élèves dont la situation de handicap limite la participation à l’activité même en ayant pensé des adaptations, un certificat de limitation partielle peut être proposé.

L’accès à la culture

Gabrielle SAUVILLIERS, professeur de lettres et enseignante spécialisée, propose des adaptations en relief de pratiques sportives.

Ces journées pédagogiques ont été l’occasion de présenter la dynamique d’accessibilité mise en oeuvre par les éditeurs.

« Mes mains en or » ont parcouru l' »Image au bout des doigts » me transportant dans un univers culturel où voir rime avec toucher. « Avec les doigs qui rêvent« , le monde s’est dévoilé via des pocédures exploratoires variées: gratter, frotter, effleurer, froisser, caresser, pianoter, etc. Une dynamique de lecture qui n’a pour limite que la motivation. De la BD, au manga, à l’exploration d’oeuvres photographique ou muséales, ces journées pédagogiques nous ont transportés dans une expérience littéraire hors du commun.

Les créations de Laura CATTABIANCHI, qui à partir de bouts de papier nous ont transporté, le temps d’une balade en forêt. Ces créations épistolaires, nous convie à des expériences tactiles originales. Une approche éco-responsable et ludique qui nous invite à laisser cours à notre imagination. Juste avec des petits bouts de papier!

Pour le plaisir des yeux:

  1. Créations de Laura CATTABIANCHI: « Je t’envoie »

2. Adaptations des oeuvres de Sebastiao SALGADO, par la Cité des Sciences:

3. Création de BD et de manga par Alexandre ILIC:

4. Un exemple de création par la maison d’édition « Les doigts qui rêvent »:

Ces 60ème journées pédagogiques du GPEAA ont été riches et constructives, tant au niveau des expériences partagées que des outils proposées. Le numérique et la ludo-éducation y ont trouvé également leur place.

L’accessibilité numérique ainsi que la ludo-éducation ont également alimenté ces journées.

tablette adaptée combinant le braille, le vocal et la technologie tactile
Le Tactonom Reader rend accessible des milliers de graphiques tactiles

Un boitier interactti inclusif
Individualisation des parcours, création de jeux possibles

Ces journées pédagogiques ont été riches en partage d’expériences, outils et ont permis d’opérationnaliser l’inclusion des élèves déficients visuels.

SCOLARITE ET HANDICAP : interview de l’IEN CT ASH et de la responsable de la scolarité de la MMPH

Une émission radio consacrée à la scolarisation des élèves en situation de handicap, a réuni l’inspectrice ASH et la responsable du pôle enfant de la MMPH.

Ecouter en replay l’interview : https://rci.fm/martinique/emission/Cest-la-vie-Decryptage/Cest-la-vie-Decryptage-SCOLARITE-ET-HANDICAP-Zozime-Nathalie

Conférence sur l’éducation des jeunes sourds

Dans le cadre de la journée mondiale de la Langue des Signes, une conférence sur la scolarisation des élèves déficients auditifs, s’est tenue, à la bibliothèque de Ducos, à l’initiative de M.Jean-François CAMIUL.

Les modalités de scolarisation des jeunes sourds  au niveau national et académique et notamment du Pôle d’Enseignement des Jeunes Sourds (PEJS)  ont été  présentées. Cette présentation s’est enrichie des témoignages de jeunes adultes sourds sur leur vécu d’élève.

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